Donation au dernier vivant : Protéger son conjoint dans le cadre d’une succession

La donation au dernier vivant est un dispositif peu connu, mais essentiel pour assurer la protection du conjoint survivant en cas de décès. En tant qu’avocat spécialisé en droit de la famille, je vous propose de découvrir en quoi consiste cette solution et comment elle peut vous permettre d’anticiper au mieux les conséquences d’une succession sur votre patrimoine.

Qu’est-ce que la donation au dernier vivant ?

La donation au dernier vivant, également appelée donation entre époux, est un acte juridique par lequel un époux donne à l’autre époux, de son vivant mais pour n’avoir effet qu’au jour du décès du donateur, des droits supplémentaires sur sa succession. Il s’agit donc d’un mécanisme permettant d’améliorer les droits du conjoint survivant et de lui garantir une plus grande sécurité financière.

Pourquoi recourir à la donation au dernier vivant ?

En l’absence de dispositions spécifiques, les droits du conjoint survivant sont déterminés par la loi. Or, il arrive que ces droits légaux soient insuffisants pour assurer une protection optimale. La donation au dernier vivant permet donc de pallier cette insuffisance en offrant des avantages supplémentaires au conjoint.

Ce dispositif présente plusieurs intérêts :

  • Il permet d’assurer une meilleure protection du conjoint survivant, en lui garantissant des droits plus importants sur la succession
  • Il offre une grande souplesse, puisqu’il est possible de choisir entre plusieurs options pour déterminer les droits du conjoint
  • Il peut être modifié ou révoqué à tout moment par le donateur, sans qu’il soit nécessaire d’obtenir l’accord de son conjoint

Les différentes options de la donation au dernier vivant

La donation au dernier vivant prévoit plusieurs options pour déterminer les droits du conjoint survivant. Ces options peuvent être cumulatives ou alternatives :

  1. L’usufruit universel : le conjoint survivant bénéficie de l’usufruit de la totalité des biens composant la succession. Cela signifie qu’il a le droit d’utiliser et de percevoir les revenus de ces biens, mais sans pouvoir en disposer librement (il ne peut pas les vendre, par exemple).
  2. La quotité disponible : le conjoint survivant reçoit une part (généralement un quart) du patrimoine en pleine propriété, c’est-à-dire avec tous les droits attachés aux biens (usage, jouissance et disposition).
  3. Le droit d’option : le conjoint survivant se voit offrir plusieurs choix quant à ses droits sur la succession. Il peut ainsi opter pour l’usufruit universel, la quotité disponible ou encore renoncer à ses droits.

Il est important de noter que la donation au dernier vivant doit être établie par un acte notarié, afin d’être valide et opposable aux tiers.

La fiscalité de la donation au dernier vivant

La donation au dernier vivant bénéficie d’une fiscalité avantageuse. En effet, les droits de mutation à titre gratuit (droits de succession) sont calculés sur la valeur des biens reçus par le conjoint survivant, après application d’un abattement spécifique.

Ainsi, en 2021, l’abattement applicable entre époux est de 80 724 euros. Au-delà de cette somme, les droits de succession sont calculés selon un barème progressif, avec des taux allant de 5 % à 45 %.

Les conditions pour bénéficier de la donation au dernier vivant

Pour pouvoir prétendre à une donation au dernier vivant, plusieurs conditions doivent être réunies :

  • Les époux doivent être mariés : le concubinage ou le PACS ne suffisent pas pour bénéficier de ce dispositif.
  • La donation doit être consentie par acte notarié : cela garantit sa validité et son opposabilité aux tiers.
  • Le donateur doit être en pleine capacité juridique : il doit notamment être majeur et ne pas être sous tutelle ou curatelle.

L’impact de la donation au dernier vivant sur les autres héritiers

Il est important de souligner que la donation au dernier vivant peut avoir des conséquences sur les droits des autres héritiers, notamment les enfants du couple. En effet, l’augmentation des droits du conjoint survivant peut entraîner une réduction de la part d’héritage revenant aux enfants.

Toutefois, le respect de la réserve héréditaire – c’est-à-dire la part minimale d’héritage garantie aux enfants – est obligatoire. Ainsi, même en présence d’une donation au dernier vivant, les droits des enfants sont préservés.

En outre, il est possible de prévoir des clauses spécifiques dans l’acte de donation pour limiter les conséquences sur les autres héritiers et assurer une répartition équilibrée du patrimoine.

Les conseils d’un avocat pour optimiser votre donation au dernier vivant

La mise en place d’une donation au dernier vivant nécessite une bonne connaissance des règles juridiques et fiscales en vigueur. Il est donc fortement recommandé de consulter un avocat spécialisé en droit de la famille pour vous accompagner dans cette démarche.

L’avocat pourra notamment vous aider à :

  • Déterminer l’option la plus adaptée à votre situation (usufruit universel, quotité disponible, droit d’option…)
  • Rédiger l’acte de donation conforme aux exigences légales
  • Anticiper et gérer les conséquences sur les autres héritiers

N’hésitez pas à faire appel à un professionnel pour sécuriser au mieux votre patrimoine et garantir la protection de votre conjoint en cas de décès.

La donation au dernier vivant est un dispositif efficace pour assurer la protection du conjoint survivant en cas de décès. Grâce à sa souplesse et sa fiscalité avantageuse, elle permet d’anticiper sereinement les conséquences d’une succession sur votre patrimoine. N’hésitez pas à consulter un avocat spécialisé pour vous accompagner dans cette démarche et optimiser au mieux votre donation.

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